Sources : Les cahiers de l’IROISE avril/juin 1990 (G-M THOMAS & Patrick LE GOFF)
1851-1865
Tréninez
En 1851, la commune de Saint Marc compte 1379 habitants, et en 1864, 1610.
3714 habitants sont dénombrés en 1900.
Lors de la construction de l’église, le Vieux-Bourg s’était vidé rapidement puisque seules quatre maisons et une maison de campagne y subsistaient. La mairie fonctionnait au Vieux-Bourg d’abord puis dans un bâtiment de l’école reconstruite dans le nouveau bourg en 1864, ainsi que l’école achevée en 1865.
La nouvelle église
Le projet de construction
1840, la chapelle s’avérant trop petite, le conseil de fabrique décida de construire une tribune pour accueillir quelques fidèles supplémentaires.
Mais l’état de la chapelle laisse à désirer. En 1851, on parle de la restaurer et de l’agrandir et M. Mer, architecte à St Marc, présente deux projets : l’un prévoyant la restauration, l’autre la construction d’une église neuve, au même endroit.
Le projet revient de la Préfecture en janvier 1852, le Préfet estimant qu’il manque de style et que l’effort financier de la commune est insuffisant.
Nouveaux plans en mars 1852, lesquels dormiront dans un tiroir en attendant que surgisse un projet qui relèguera cette petite église paroissiale au rang de simple chapelle Notre Dame du Bon-Port qui sera toutefois classée monument historique en 1934.
Arrivée du train à Brest
Un chantier en chasse un autre
Deux faits majeurs allaient enterrer le projet d’une église neuve au vieux-Bourg.
D’abord le tracé envisagé pour la ligne de chemin de fer Paris-Brest qui traverserait au moins le cimetière ceinturant la chapelle, ensuite le testament de Mme VINET, née Yvonne MAZÉ, qui faisait donation à la commune d’un champ appelé Goarem-Poulbriquen, d’une surface de 91 ares, avec une destination précise. En effet dans le testament du 29 septembre 1853, on pouvait lire :
« Je donne et lègue à la commune de Saint-Marc une garenne nommée Goarem-Poulbriquen dépendant précédemment de la ferme de Kérisbian… sous réserve des bois qui s’y trouvent et aux conditions suivantes :
Article 1er – cette garenne est destinée à recevoir l’édification d’une église, ainsi que tous autres édifices communaux, tels que presbytère, mairie et autres.
Article 3 – Mon nom sera inscrit sur une plaque dans l’intérieur de l’église nouvelle…
La construction
cinq ans de projet
Il ne s’agissait donc plus de reconstruire l’édifice du vieux-Bourg, mais de réaliser une nouvelle église, sur la hauteur dominant l’ancien emplacement. Le Conseil municipal semble d’accord, lorsque des pressions ayant eu lieu sur Mme VINET, agée de 89 ans, celle-ci décide, le 2 septembre 1859, que son champ pourra être vendu au profit de l’église « en quelque endroit où elle fut placée ».
Dans l’intervalle, des crédits ont été votés, à condition qu’une surtaxe soit établie sur les alcools. Une pétition rapportant les plaintes des habitués de la chapelle est remise aux autorités le 7 février 1860. Le 11 juillet 1860 parvint à la Mairie l’autorisation (du Ministère et de la Préfecture) de bâtir la nouvelle église à la place de l’ancienne !!??.
Le 25 juillet suivant le Sous-Préfet annonce que le chemin de fer traversera le cimetière et sans doute une partie de l’emplacement de la nouvelle église envisagée. Cependant l’argent ne manque pas. (voir plus bas la demande de « subvention » à l’Impératrice Eugénie lors de la visite impériale d’août 1858)
Le 11 septembre 1860, l’ingénieur en chef du chemin de fer de Rennes à Brest, encourage à reprendre le projet d’édification de la nouvelle église dans le haut du bourg. Le 20 juillet 1862, le Conseil municipal apprend que les travaux ferroviaires ont débuté et opte pour le champ Vinet. Un projet est demandé à M. Bourdais en remplacement du projet Bigot jugé « sans ambition ». Le 8 mars 1863, les travaux sont adjugés à M. Jules KERAUTRET, qui utilisera les pierres de l’ancien ossuaire, et la première pierre est posée le 2 juillet 1863.
Le 25 avril 1865 la gare de Brest accueille son premier train à vapeur venu de Paris. La nouvelle église sera consacrée en août 1865, après que la veille le curé de Saint-Louis l’abbé MERCIER, ait béni deux nouvelles cloches.
Vie du bourg
1860 - 1914
(source : Les Cahiers de l’Iroise avril-juin 1990 (Annie HENWOOD)
Juin 1861 création d’une école des filles dirigée par des Sœurs (+ dispensaire et pharmacie)
25 nov 1861 installation officielle des Sœurs de l’Immaculée Conception
1871 Création d’une salle d’asile tenue par une Sœur
1884 Laïcisation du personnel des écoles communales. Les Sœurs quittent Saint-Marc.
20 octobre 1885 Ouverture de l’école privée Sainte Marie (rue du Bot) par les Sœurs de l’Immaculée Conception (49 élèves)
1897 Création d’une école libre de garçons à l’emplacement du 109 rue de Verdun. Dirigée par les frères des Ecoles Chrétiennes elle est bénie le 18 septembre (école Saint Pierre 130 élèves).
1897 Agrandissement de l’école Sainte Marie.
Aout 1907 les religieux n’ont plus le droit d’enseigner (loi 1er juillet 1907) Quatre frères se sécularisent pour pouvoir exercer à l’école saint Pierre.
Décembre 1907 La commune prend possession de l’ancien presbytère et souhaite y installer des services municipaux au Rdc, salle du conseil municipal au 1er, logement de la directrice de l’école des filles au 2ème ;
Juin 1912 Le conseil décide la construction d’une école des filles sur l’emplacement du jardin du presbytère.
Septembre 1913 Les Frères reprennent la direction de l’école Saint Pierre
1914 Construction de l’école maternelle Sainte Marie
Visite impériale
Napoléon III à Saint Marc (août 1858)
(quand l’Abbé COCAIGN obtient , à très haut niveau, une aide financière pour la construction de son église)
Nicolas LABAT, maire de Saint-Marc en 1858, raconte ainsi la visite impériale.
« les journées des 9,10,11 et12 août ont été pour les habitants de la commune de vraies jours de fête. Malgré les travaux pressants de la saison, on les voyait chaque jour, courir à Brest pour saluer la famille impériale et témoigner par leur empressement des sentiments de fidélité, de dévouement dont ils sont animés envers leurs Augustes Souverains »
« Au Pont-Neuf, à l’extrémité de la commune, à 2 km du bourg, et de la ville de Brest, on avait, par les soins de l’administration municipale et du produit d’une souscription ouverte à cet effet, élevé un arc de triomphe exclusivement champêtre, formé de verdure, de fleurs, de gerbes de blé et d’instruments aratoires, avec cette inscription : « Dieu, l’Empereur et la Paix ».
Tous ces préparatifs étaient pour le jeudi 12, jour du départ vers Landerneau, Rumengol puis Quimper de la famille impériale.
Le subterfuge
« Ce jour donc, à sept heures et demie du matin, le vénérable pasteur de la paroisse, l’abbé COCAIGN, accompagné d’un jeune ecclésiastique et d’un grand nombre de paroissiens s’est rendu processionnellement au Pont-Neuf pour saluer une dernière fois l’Empereur des Français et l’Impératrice Eugénie. De tous les chemins aboutissant à la route suivie par la procession, on voyait arriver les habitants des villages ….
La croix, les bannières, les oriflammes étaient portés par les jeunes filles composant la députation qui devait présenter une gerbe d’honneur à l’Impératrice ».
« Arrivée au Pont-Neuf, vers les huit heures et demie, la procession pris place près de l’arc de triomphe… »
« Comme on savait que les illustres voyageurs, pour lesquels les apprêts n’étaient nullement officiels, ne devaient pas s’arrêter en ce lieu … et qu’il y aurait eu indiscrétion à vouloir entraver leur marche, même pour les compliments et pour exprimer les besoins pressants de la paroisse, connaissant l’inépuisable bonté de sa Majesté l’Impératrice, M. le Curé voulut lui faire remettre, en même temps que le bouquet, une lettre par laquelle il la priait, au nom du Prince Impérial, de vouloir bien lui venir en aide pour la reconstruction de son église…. »
Le couac
mais la récompense au final
« Vers les 9 heures et demie, le cortège impérial parait sur la hauteur du Petit-Paris.
Toute la population s’agite… De toutes parts, retentissent les acclamations enthousiastes de la foule. Le cortège est auprès de l’arc de triomphe, son train ralentit. Aussitôt M. le Maire court à la portière de droite et remet aux mains de l’Empereur, son discours écrit, en lui exprimant le regret de ne pouvoir lui témoigner de vive voix les sentiments de gratitude et de dévouement dont lui et ses administrés sont animés envers leurs souverains. Sa Majesté lui répond « Merci, M. le Maire, je vous remercie beaucoup ».Voyant l’encombrement qui se fait autour de sa voiture, il lui dit : « Prenez garde aux chevaux ! ».
Pendant ce temps, la jeune fille choisie pour remettre un bouquet à l’Impératrice s’acquittait heureusement de cette partie de sa mission. .. En échange de ce bouquet, Sa Majesté remettait à la jeune fille à laquelle elle disait avec une inexprimable sollicitude d’éviter les roues de sa voiture, une chaine en or avec une croix de perles ; mais dans son trouble et son embarras, la jeune fille laissa tomber la lettre que M. le Curé l’avait chargée de remettre en même temps que le bouquet.
Sa Majesté s’en aperçut et demanda par trois fois, avec insistance « Et la lettre !, Eh la lettre ! Eh la lettre ! ?
Malheureusement, la lettre quelque peu foulée aux pieds des chevaux, n’est ramassée que lorsque le cortège a repris sa course rapide et est déjà fort éloigné.
Cette lettre n’en est pas moins parvenue à destination. L’Impératrice ne peut perdre une occasion de faire le bien et déjà M. le Curé de Saint-Marc est avisé des démarches qu’il a à faire pour, qu’en connaissance de cause, la magnificence impériale ait son bienfaisant effet.
Saint-Marc le 31 août 1858
(source : Les Cahiers de l’Iroise avril-juin 1990)
Fin d'une visite retentissante
à Saint Marc et au-delà
En reconnaissance de cet accueil dans les trois communes de Brest, Lambézellec et Saint-Marc, l’Empereur fit agrandir l’arsenal, prolongea le chemin de fer de Rennes à Brest et créa le port de commerce.
…. En 1814 le canot est expédié à Brest. Son ornementation est complétée mais reste sobre, avec un aigle à la proue. Puis il subit de nouvelles modifications dans sa décoration avant la visite à Brest de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie en 1858. C’est de cette époque que datent les éléments sculptés actuels, notamment la figure de proue représentant Neptune, le groupe arrière avec les armes impériales et, surmontant le rouf, une grande couronne soutenue par quatre angelots. Même les rames sont ornées de somptueux motifs peints…..